jeudi 6 août 2015

LE PEKAN CHEZ LES SUBALBE




THEME : LE PEKAN CHEZ LES SUBALBE (Cubalo au singulier, caste socioprofessionnelle des pécheurs pulaar du Fouta Toro)
                                                                 

PLAN :
Introduction
I)                Qu’est ce que le pekaan ?
II)           Origines du pékan :
III)       Dans quelles circonstances le pekaan est organisée ?
IV)       Son importance dans la société pulaar :
V)             L’évolution du pekaan:
Conclusion

Introduction :
Le pékan, cette forme poétique de la littérature orale pulaar, n’est pas seulement des chansons ou du folklore qui met en divertissement son public mais il est plutôt une science, du mysticisme et aussi de la littérature. Dans les lignes qui vont suivre, nous essayerons d’abord d’expliquer qu’est-ce le pekaan, ensuite de donner ses origines, de plus son importance dans la société pulaar et enfin son évolution.
I)                   Qu’est-ce que le pekaan ?
Le Pekaan est un genre littéraire qui appartient aux pêcheurs, les Subalbe du Fouta-Tooro. Les Subalbe font partis de la noblesse Pulaar, comme les Torobé détenteurs du savoir spirituel, les guerriers Seebé, les Peulh-pasteurs et les Jawanbé qui sont les conseillers du roi. Les Subalbe sont les maîtres incontestés de l’élément eau, ils vivent essentiellement au bord du fleuve et s’abandonne à la pêche, avec les Peulh-pasteurs ils constituent le groupe de la catégorie des nobles à avoir des métiers proprement dit, c’est un groupe assez indépendant puisqu’ils détiennent lui-même c’est propre moyen d’existence grâce à la pêche, à la culture des « palé» (ce sont les champs aux bords du fleuve après la décrue). La forme littéraire du Pekaan est née des rapports des pêcheurs et la faune fluviale dont font partis les grands crocodiles mangeurs d’homme et les redoutables hippopotames ces animaux n’apparaissent jamais comme des bêtes ordinaires, il y a aussi d’autres êtres surnaturels qui font partis de l’univers des Subalbe. Parmi ces êtres il y a « Joomayo » qui signifie maître des eaux, qui est un être mi- humain et mi- poisson. Le monde aquatique étant fascinant et dangereux à la fois, le domaine du pêcheur ne pouvait dès lors se limiter à la capture du poisson. L’univers de l’eau et aux yeux du « Cubalo» à respecter et  à craindre.
Le chant du pekaan est composé de deux ensembles biens distinctes à savoir les récits épiques qu’on appelle en pulaar« Jimé »et la poésie descriptive qu’on appelle« Jaraalé ».

II) Origines du pékan :
Le pekaan est l’apanage de la famille Dièye de Araam Saare qui est la première à le chanter. Il serait la chanson d’une part et d’autre part le nom du génie qui, avec celle-ci berçait son enfant sur la berge et qu’un homme l’imita. Celui-ci est l’ancêtre des Dièye d’Araam Saare. Mais il y’a eu des célébrités du pekaan comme Guelaye Ali Fall. Celui-ci a été initié par les Dièye pour qu’il puisse chanter le pekaan.
Le pekaan aurait une origine ésotérique, il serait une récompense donnée à Demba DIEYE, qui est l’ancêtre des DIEYE, par la femme de « Jomo mayo ». L’homme aurait surpris cet étrange être en train de chanter, il s’est rapproché à son insu pour écouter ces belles paroles et il a profité d’un moment d’inattention de la femme pour lui voler sa clochette avec laquelle elle se servait pour harmoniser son chant. Ainsi, l’homme aurait exigé à la femme qu’il lui apprenne le chant afin de lui restituer la clochette. Par conséquent la femme tenant bien à son instrument, décida de lui apprendre la chanson en retour celle-ci n’est rien d’autre que le pekaan.
 III) Les circonstances de la pratique du pekaan
La veille du fifiré (la chasse aux crocodiles où l’on dit : «  demain, on va affronter le caïman le plus dangereux du fleuve ou de la mare ». Par conséquent, les subalbe se réunissent sous la houlette du Jaltabé (Grand maitre et Sage cubalo), une fête sera organisée à claire de la lune, à la place publique et maintenant les chanteurs du pekaan viennent chanter;  chacun d’eux  essaye de faire valoir son savoir-faire ou ses connaissances au public comment il a été initié dans l’art de pêcher, de maitriser les animaux aquatiques dangereux, (moi j’ai été initié par mon père ou ma mère par exemple). On ne se hasarde pas à raconter des bêtises dans ces veillées parce qu’on est entouré de vieux, des connaisseurs en la matière.
Le pekaan est aussi chanté dans les mariages, dans les cérémonies de noces, des moments solennels où les cubalo se rencontrent, de plus à la gloire des subalbe. D’après Monsieur Omar Gaye
Le Pékan est pratiqué a des événements tels que : le « Fifiré» qui est la chasse aux crocodiles dans le fleuve, du «Lappéré » qui est la chasse du crocodile dans la mare, ou lors des tournés artistiques « Lappi » qu’effectue les chanteurs de Pékan c’étaient dans ces moments qu’on avait l’occasion d’entendre les chants du Pékan. D’après Monsieur Oumar Djiby Ndiaye

IV) Importance :
On y apprend beaucoup de choses par exemple des leçons de morales, de la vie, dans les chansons de Guelaye Ali Fall dans Sei Gubali. Le pékan fait parti des éléments du Pulaguou (culture pulaar) comme le Gumbala, le Diléré, le Yéla, le Jaaro…
De plus le sens de l’honneur, la dignité, le refus de la honte : c’était l’éducation que Guelaye enseigné.
V) Evolution :
Les chanteurs d’aujourd’hui ne font que reproduire l’œuvre de Guelaye, ensuite le genre se mercantilise, il se produisait o un moment bien précis. Aujourd’hui il est plus facile de voir un chanteur de pekaan dans une cité que de le voir dans un village au bord du fleuve.
Conclusion
En définitive, parmi ces versions nous pouvons retenir celle partagée ou presque unique qui selon laquelle le pekaan est d’origine légendaire de Demba Dièye face aux mono-mayos qui chantaient pour bercer son enfant.
Le pekaan est dédié aux cubalo car ce n’est pas donné à tout le monde de tuer le caïman ou de maitriser les eaux et sa faune.
SOURCES :
Interview accordé par
ü    Monsieur Oumar Djiby N’diaye, professeur pulaar, enseignant chercheur à Université Gaston Berger de Saint dans l’Unité de Formation et Recherche des Civilisations, Religion, Art et Communication, à la section Langues et Culture Africaines.

ü    Monsieur Omar Gaye (professeur, animateur culturel, secrétaire générale de l’ordre des Subalbe du Tooro).




1 commentaire:

  1. Merci a vous pour ces éclaircissements à propos du Pekaan (la poésie des pêcheurs peul du four à toro)

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